Le 1er septembre 2017, Jeanne sortait sa première vidéo sur le site d’hébergement YouTube. Deux ans et 17 000 abonnés plus tard, la jeune Sevranaise de 23 ans est l’une des « booktubeuses » en vogue sur la toile. En juin dernier, elle remportait même un prix aux Vidéo Awards. Ce qui a fait sa popularité, c’est le ton décalé de sa chaîne : « L’idée, c’est de parler de livres différemment et avec humour. J’aime lire, j’aimerais partager cette envie et casser le côté élitiste de la littérature. » Ici, pas question de critiques littéraires fades, Jeanne aborde la lecture sous d’autres angles. « J’ai une série de vidéos "Si vous avez aimé telle série télé vous allez aimer tel livre". J’aime aussi raconter des anecdotes sur des auteurs pour montrer qu’il y a plein de petites histoires rigolotes autour de la grande », explique la jeune femme qui travaille seule sur sa chaîne. « Mes amis et ma famille se sont cotisés pour m’offrir une caméra à mon anniversaire », explique-t-elle. Depuis, elle ne compte pas ses heures : la recherche de sujet, l’écriture, le tournage, le montage… L’étudiante en journalisme avoue avoir parfois du mal à combiner cette activité et ses études.
Mais d’où vient à Jeanne son amour de la littérature ? « De ma mère, je l’ai toujours vu lire. Petite, elle me faisait la lecture et m’emmenait à la bibliothèque Albert-Camus », raconte-t-elle. C’est aussi grâce à une professeure, Mme Hamidi, dont elle a croisé la route au lycée Blaise-Cendrars. « On étudiait des heures des ouvrages, puis elle nous demandait notre analyse. Il n’y avait pas de mauvaises réponses, tout ce qu’on pouvait dire était intéressant. Elle était vraiment géniale ! » A 23 ans, Jeanne dévore deux à trois livres par semaine, « mais je prends les transports trois heures par jour ! », précise-t-elle. « Je lis un peu de tout, je n’ai pas de genres de prédilection et je pense que ça se ressent sur ma chaîne. »
Aujourd’hui, la jeune femme se lance dans un nouveau projet : la réalisation de documentaires sur la littérature et la Seine-Saint-Denis. « C’est important pour moi. Il y a quelque chose de revendicatif quand on vient de banlieue, ça fait partie de notre identité. » Fin 2018, la jeune femme sortait un premier document sur les libraires du 93. « La seule statistique que l’on trouvait sur internet c’est que c’est le département où il y a le moins de librairies mais bon, ça ce sont des chiffres, moi j’ai voulu aller voir les gens et raconter leur histoire. » Elle prévoit de traiter prochainement le sujet des jeunes auteurs du département. Un talent à suivre...
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