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Les trois vies de la ferme de la Fossée

Avant que la nouvelle mairie ne s’installe dans le bâtiment principal en 2015, l’ancienne ferme de la Fossée aura vécu au moins trois vies au cours des cinq siècles écoulés.

 Celles et ceux qui franchissent le seuil de l’ancienne maison de maître totalement rénovée où s’est installé le pôle administratif, avenue du Général-Leclerc, savent-ils qu’ils entrent en résonance avec tout un pan du patrimoine historique local ? Du début du16e siècle jusqu’aux années 1930, le bâtiment, la petite chapelle, le parc et les dépendances aujourd’hui démolies constituèrent le domaine et la ferme de la Fossée. La plus ancienne trace du fief remonterait au 8 octobre 1526. De 1674 à 1786, le fief de la Fossée fut détenu par la seule famille Therresse.

Vandalisée par les Prussiens en 1870
Un acte de vente établi en 1843 décrit le corps de ferme, composé d’un : « bâtiment d’habitation pour le fermier et de bâtiments d’exploitation tels que fournil, écurie, grange à blé et à avoine, bergerie, vacherie, laiterie, toit à porcs, colombier, poulailler et lapinière, cour au milieu du bâtiment, 24 hectares, 94 ares et 79 centiares de terres labourables… ». Comme d’autres propriétés de Sevran, la ferme subit le vandalisme des soldats prussiens en 1870. Le 15 novembre 1900, la ferme est vendue au couplede fermiers Hameli n qui l’exploitait déjà. Jusqu’en 1974, les Sevranais l’ont dénommée « Ferme Rolland », en référence au nom des héritiers des Hamelin.

Maison de santé du gardien de la paix
Le domaine devenant très lourd à gérer, la dernière héritière, Madame Hervé, en fit don à la communauté des Filles de la charité. Refus des Soeurs, les bâtiments étaient en trop mauvais état. En 1930, la fondation Maison de santé du gardien de la paix releva, elle, le défi. Durant 44 ans les Soeurs de Vincent-de-Pauly soignèrent les policiers victimes des accidents du métier et des retraités. Beaucoup de Sevranaises y travaillaient comme infirmières, soignantes, cuisinières et femmes de chambre. En 1974, la Commune acquit la ferme et le domaine. Le bâtiment principal abrita le conservatoire de musique. La chapelle servait de rangement aux pupitres. Puis il devint le foyer Louis-Armand pour personnes retraitées. Le parc – connu sous le vocable de parc aux canards – fut ouvert au public. Plusieurs services municipaux s’installèrent dans l’ancienne ferme. A leur départ, les corps de bâtiment sombrèrent dans l’abandon avant que le projet, en 2013,d’installer le nouvel hôtel de ville, le pôle administratif Paul-Eluard et les salles desmariages et du conseil municipal ne sauva ce patrimoine de l’oubli et de la destruction totale pour lui redonner force et vie.


 

Publié le 09 janvier 2019