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Notre histoire : Des vies à cent à l’heure

Deux Sevranais s’apprêtent à célébrer leurs 100 ans. Un siècle de vies mêlées à l’Histoire. Rencontre avec Andrée Blésy, née le 20 février 1920 et Francis Hellio, né le 9 janvier 1920.

Andrée Blésy et Francis Hellio se sont rencontrés et croisés à Sevran. Andrée est la veuve de Louis Blésy, ancien combattant comme Francis Hellio*.

Andrée Blésy, née le 20 février 1920

Nos deux presque centenaires n’ont pas les mêmes expériences de guerre, mais elle est pour eux, évidemment, une période marquante. Francis Hellio a été fait prisonnier à Rennes en 1940 puis a été emmené en Allemagne, le jour de son anniversaire.

Cette même année, Louis Blésy partait y travailler. Le premier n’a pu rentrer qu’en 1945, après avoir travaillé dur dans une forêt de sapins.

Louis Blésy a réussi à s’évader en 1941, il a rejoint son épouse à Gennevilliers. Le couple Blésy s’est caché lorsque la Gestapo a frappé à leur porte pour rechercher l’évadé ; elle a emmené le père d’Andrée, retenu au camp de Drancy pendant trois ans.

Dès lors, les époux sont partis en Provence, hébergés secrètement chez des membres de la famille d’Andrée. Ils ont mené ensemble des actions de Résistance avant de participer à la Libération de Marseille.

Andrée Blésy livrait par exemple le courrier, au péril de sa vie. « C’était notre vie, quoi. Je n’avais pas peur », affirme-t-elle avec une tranquillité désarmante. Engagés Andrée Blésy partage avec Francis Hellio une forme très forte d’engagement, en toute humilité. « J’ai ça dans la peau », dit-elle.

Francis a eu une révélation en 1936, à 16 ans, lors de la lutte pour les congés payés par le Front populaire. « J’étais apprenti et j’entendais les adultes qui travaillaient avec moi. Ma famille parlait malheureusement peu de politique et était plutôt opposée au progrès de la classe ouvrière.

Francis Hellio, né le 9 janvier 1920

Mais j’ai vu que quand on est tous ensemble, bien décidés, on réussit à obtenir quinze jours de congés payés. C’était formidable, ça m’a ouvert les yeux. »

« Défendre ce que l’on croit juste » est devenu la clé de voûte de sa vie, notamment dans sa carrière à la RATP. Andrée et Louis Blésy ont quant à eux aidé les Espagnols républicains sous Franco et pris la direction, après la Guerre, de L’Avenir Social, à Mitry-Mory, qui recueillait les enfants orphelins.

Francis et les époux Blésy se sont installés à Sevran dans les années 1950, parce que c’était abordable et près de leurs activités professionnelles. Ils ont tracé leur vie pleins d’espoir pour l’avenir.

C’est pour cela aussi que Francis a pris la présidence de l’ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants), qu’Andrée tient à sa cotisation à l’ANACR (Assocation Nationale des Anciens Combattants de la Résistance) dont Louis faisait partie.

Il a d’ailleurs beaucoup étudié la Résistance à Sevran et en a publié un livre. « On dit souvent qu’un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre », approuve Francis Hellio.

Les archives de Louis Blésy (tapuscrit de son livre « La Résistance à Sevran », documentation…) vont prochainement faire l’objet d’un transfert aux archives municipales, où elles seront bientôt librement consultables.

*Un article sur Francis Hellio a été publié dans « Sevran le journal » n°176

Archives municipales : 28 rue Henri-Becquerel, 01 41 52 45 02

Hommage le 18 janvier

L’ARAC (Association republicaine des anciens combattants) organise avec le soutien de la Ville une cérémonie le 18 janvier en leur honneur.

Andrée Blésy se verra remettre la médaille de la Ville, tandis que Francis Hellio recevra la médaille d’or de l’Office Républicain des Mérites Civiques.