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Simon Schembri : « Un dialogue entre les instruments »

Guitariste virtuose, Simon Schembri est professeur au conservatoire de Sevran. Accompagné du Quatuor Parisii, il donne un concert le 5 avril à l’espace François-Mauriac. Rencontre.

Comment avez-vous découvert la guitare ?

Je suis né à Malte dans une famille où la musique était très présente. Mon grand-père surtout pratiquait la guitare folklorique avec ses amis, même si ce n’était pas son métier. On a tendance à l’oublier mais à l’époque, la musique n’était pas accessible comme elle l’est aujourd’hui. Si on voulait l’écouter, il fallait la créer. A l’âge de 6 ans, on m’a demandé si je voulais faire un instrument. J’ai choisi sans hésiter la guitare, l’instrument que pratiquait mon grand-père et qui avait toujours été présent autour de moi.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?

A Malte, le conservatoire était petit et la guitare ne faisait pas partie des instruments enseignés. J’ai donc suivi des cours avec un professeur particulier. Nous n’avions pas beaucoup de partitions à la maison. Nous étions sur une île et encore une fois, la communication n’était pas la même qu’aujourd’hui. De nos jours, on trouve toutes les partitions que l’on veut sur internet. A l’époque, il fallait trouver un éditeur, commander la partition, attendre trois semaines… Du coup quand on avait une partition, on avait la soif de la travailler complètement, de ne pas en gâcher une page. A cette période, j’ai entamé une pratique très sérieuse de la guitare. Mais pour poursuivre dans cette voie, il fallait que je quitte Malte. Je suis parti en Angleterre à 13 ans et j’y ai obtenu la licence de la Royal Academy of Music de Londres. Alexandra Lagoya, grand guitariste français, m’a repéré sur des enregistrements et m’a invité à venir passer le concours d’entrée au Conservatoire national supérieur de Paris. J’y suis entré à 15 ans. C’est beaucoup de travail et de sacrifices. Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de réfléchir, c’était écrit. La musique fait partie de moi.

Et vous n’avez plus jamais quitté la France ?

Alexandre Lagoya voulait absolument que j’entame ma carrière ici. L’école instrumentale en France est exceptionnelle. Ce sera toujours une terre qui respire l’art. Ça me semblait naturel de rester ici.

Vous enseignez également ?

J’ai donné mes premiers cours très tôt, à l’âge de 16 ans. J’ai appris à me dépasser pour transmettre mon savoir. Parallèlement à mes études, j’ai suivi une formation pour être professeur d’enseignement artistique avec la spécialité guitare. On pense qu’on devient professeur d’un instrument parce qu’on sait en jouer, mais non, cela ne suffit pas. Il y a une formation qui est longue et compliquée. Après avoir enseigné dans divers établissements et notamment au Conservatoire national de Valenciennes, j’ai souhaité me rapprocher de Paris. J’ai été accueilli à bras ouverts au conservatoire de Sevran. Il y a une vraie envie et un projet culturel complet. J’essaye de faire découvrir la guitare classique à mes élèves dans tous ses facettes : son histoire, son répertoire. Un travail de fond de découverte de l’instrument. Cela demande du travail, c’est un vrai engagement personnel.

Le 5 avril, vous jouerez avec le quatuor Parisii ?

Le Quatuor Parisii est un des quatuors les plus renommés en France. Nous nous sommes rencontrés il y a 20 ans sur le plateau de l’émission « Musiques au coeur » sur France 2 et le courant est passé immédiatement. Il y a quelques années, nous avons enregistré le disque « The Maltese Touch ». C’est le programme qui sera donné le 5 avril. C’est un dialogue entre les instruments, les violons et la guitare. Le concert est accessible à tous. Je combats le fait que la musique classique s’adresse à une élite. Quand on assiste à un bon concert, on a reçu plein d’émotions et éventuellement ses soucis du quotidien. C’est un moment d’abandon.

Qu’aimez-vous dans l’association de ces instruments, la guitare et les violons ?

J’aime la façon dont les sonorités se mêlent. Les instruments à cordes se jouent avec un archer. Ce sont des notes plutôt longues qui maitrisent totalement la densité du son alors que la guitare est un instrument à cordes pincées c’est à dire plus dynamique. Les sons se marient très bien ensemble.


Infos pratiques

Concert de Simon Schembri et du Quatuor Parisii

Vendredi 5 avril à 20h30

Espace François-Mauriac

51, av. du Général-Leclerc (voir le plan)

Tarifs : 8€ / 6€ / 4€ (voir le détail des tarifs)

Publié le 01 mars 2019