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Amar Keltoumi, de la Cité Basse aux sommets du Verdon

Adolescent dans les années 90, ce Sevranais a fait ses armes de grimpeur sur le mur de la Poudrerie. Une passion devenue une vraie vocation puisqu’il est aujourd’hui moniteur d’escalade dans les gorges du Verdon.

« Ah bon, il y a un « revival » du mur d’escalade de la Poudrerie ? Tant mieux ! En tout cas, ce mur me rappelle toute mon enfance à Sevran. Et puis aussi beaucoup de rencontres avec des gens passionnés d’escalade qui m’ont amené là où je suis aujourd’hui... »

A l’autre bout du fil dans les gorges du Verdon, Amar Keltoumi n’a pas beaucoup de mal à replonger dans ses souvenirs made in Sevran.

Pour le Sevranais de 49 ans, moniteur d’escalade et de canyoning dans les Alpes-de-Haute-Provence, tout part un peu du pied du mur de la Poudrerie. « C’était une journée de ramadan en 1987, se souvient-il. On se faisait un peu ch... au pied de nos immeubles de la Cité Basse, alors je suis allé me balader seul à la Poudrerie... »

Jusqu’à ce que son chemin soit barré par le mur du bois des Sablons : « Ce qui m’a surpris en le découvrant, c’étaient ce que je croyais être des boules de terre accrochés au mur. En réalité, c’étaient, bien sûr, des prises d’escalade.

Du coup, même si je n’avais jamais fait ça, j’ai grimpé jusqu’en haut du mur. Mon premier sommet ! Et une fois là-haut, j’ai entendu une voix qui me disait : « T’es fou de monter comme ça, tout seul. C’est dangereux ! »

Le virus de la grimpe...

La grosse voix qui le gronde gentiment appartient à un Italien, Alberto Adami, grimpeur expérimenté qui va prendre sous son aile le jeune ado de la Cité Basse.

« Ensuite, lui et d’autres membres du Club d’escalade de Sevran ont commencé à me faire grimper, poursuit Amar. Grâce à eux, je n’ai plus jamais passé un seul week-end sans m’entraîner. Et j’ai découvert, gratuitement, les rochers de Fontainebleau, la Bourgogne... J’ai vite chopé le virus de la grimpe et je n’ai jamais cherché à me faire vacciner ! »

L’ex-élève de François-Villon et du Collège Galois a trouvé sa voie puisqu’il deviendra éducateur territorial en charge du mur d’escalade de la ville d’Aulnay entre 1995 et 2002 et ensuite l’un des responsables de la formation et de la compétition au sein du Comité d’escalade de Seine-Saint-Denis entre 2002 et 2004.

Des premiers pas urbains avant de sauter le pas professionnellement et personnellement pour s’établir dans le Verdon en 2002 où il est aussi depuis 18 mois en charge du développement des structures artificielles au sein de la Ligue Sud-PACA de la Fédération Française de Montagne et d’Escalade (FFME).

« C’est assez marrant, dit-il, parce qu’un des autres jeunes sevranais qui a démarré en même temps que moi sur le mur de Sevran, Vincent Maratrat, est devenu, lui aussi, un cadre de la FFME chargé du pôle équipement au niveau national. Comme moi, il a bénéficié de la bienveillance et de la passion de tous ces gens qui découvraient alors l’escalade à Sevran. »

L’âge de pierre de l’escalade

Une époque qu’il estime aujourd’hui bien révolue du côté du mur de Sevran. « A l’époque, il n’y avait rien. Mais, aujourd’hui, ce mur ne peut plus lutter contre toutes les structures indoor qui se sont montées en Ile-de-France. Et puis, techniquement, ce mur c’est, maintenant, l’âge de pierre en matière d’escalade. »

« La seule bonne utilisation qu’on pourrait en faire, ce serait sûrement pour des initiations pour les scolaires. En tout cas, c’est dommage qu'on n’ait jamais rebondi pour créer un vrai mur en intérieur. Ça aurait « cartonné » et on aurait peut-être des grimpeurs du 93 lors de l’épreuve d’escalade des JO de 2024. Ça ne s’est pas fait, tant pis... Au moins, le mur de la Poudrerie restera mythique pour toute une génération de grimpeurs ! »

Publié le 04 mai 2021