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Le mur à l'origine de l’escalade urbaine

Vestige des ateliers de la Poudrerie nationale, le mur en béton armé du parc de Sevran a mis le pied à l’étrier de nombreux aficionados de l’escalade au mitan des années 80. Tombé ensuite dans l’oubli avec l’apparition des murs indoor, il a connu une seconde jeunesse lors du premier confinement de 2020. Avec même un projet pour le faire « revivre » officiellement.

En Ile-de-France et en Seine-Saint-Denis, l’escalade urbaine a des bases très solides. En béton armé même.

La première génération de grimpeurs a, en effet, poussé sur le mur du bois des Sablons dans le Parc de la Poudrerie, un ouvrage qui date de 1919, vestige des murs de protection qui servaient à se prémunir des essais d’explosifs menés par les artificiers de la Poudrerie nationale, implantée jusqu’en 1973 dans ce qui n’est pas encore le Parc départemental.

« A la fin des années 80 et jusqu’au milieu des années 90, j’ai beaucoup fréquenté ce mur, témoigne Jean-Marc Dussort, 62 ans, ancien président du club Grimpe-Tremblay Dégaine. »

« J’avais découvert l’escalade lors de vacances et j’étais devenu accro à ce sport. A l’époque, il n’y avait pas encore de structures indoor, donc ce mur de la Poudrerie était le repère de pas mal de passionnées du nord-est parisien. Le week-end c’était à la fois un lieu de pratique et de pique-nique idéal pour les familles.

« C’était le début de l’escalade urbaine et tout était encore très artisanal : les prises d’escalade étaient, par exemple, fabriquées, par un professeur d’un lycée technique de Gagny. »

Une lente dégringolade

Les dix mètres de hauteur de l’ouvrage, ses deux faces et sa quarantaine de mètres en longueur vont même donner naissance au Club d’escalade de Sevran où un jeune Sevranais, Amar Keltoumi, fera ses premières armes avant de devenir moniteur d’escalade dans le Verdon.

Le hic, c’est qu’en dehors de cette pratique expérimentée et familiale, le mur va être le théâtre de quelques accidents sérieux au début des années 90. « Comme le mur a toujours été en accès libre, des grimpeurs inexpérimentés s’y aventuraient. Avec parfois des conséquences tragiques », prolonge Jean-Marc Dussort.

Lassé que la Justice se retourne immanquablement vers lui, l’Office National des Forêts -alors gestionnaire du Parc- décide en février 1995 d’enclore le mur et d’en interdire l’accès.

« Ensuite, le mur a décliné de lui-même, parce que de plus en plus de structures de grimpe en intérieur se sont ouvertes à Tremblay et à Aulnay d’abord, résume Cédric Rougeron, ex-adepte du mur de la Poudrerie et membre du Tremblay Dégaine depuis 1993. Jusqu’à ce que le confinement du printemps 2020 et les suivants ne le remettent d’actualité... »

Quelques passionnés expérimentés reprennent en effet d’assaut le mur alors que le sport en intérieur est condamné par la crise sanitaire.

Retour vers le futur ?

Un « revival » qui pourrait perdurer en toute sécurité. Dans l’Est parisien, une toute jeune association ESTérieurs qui « rassemble des clubs et des individus » s’est fixé « l’objectif de se réapproprier les installations extérieures sur le secteur du grand est parisien », explique Pierre Attar, un des membres fondateurs de l’association.

On cherche donc des solutions pour sécuriser la pratique, on se renseigne sur les assurances qu’on pourrait mettre en place mais aussi les financements possibles pour entretenir ce mur qui en a bien besoin et le remettre au goût du jour techniquement »

Également parmi les idées lancées, la possibilité d’enclore le site et de confier la responsabilité de son accès à une association sur des créneaux précis.

Membre de la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT), Pierre Attar compte pour cela sur la « force du collectif des 6000 grimpeurs FSGT d’Ile-de-France. Ensemble, on a la possibilité de faire revivre ce mur... »

Publié le 04 mai 2021