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Portrait : Yassine Belattar « gère » à Sevran

Yassine Belattar a présenté son spectacle d'humour « Ingérable » à la Micro-Folie Sevran le 23 septembre. C'est un artiste engagé, un entrepreneur, mais aussi un homme attaché à Sevran qu'il connaît bien

Les multiples casquettes de Yassine Belattar

« Ingérable » est « un spectacle qui fédère autour du rire, pour rire les uns avec les autres, et non contre les autres, dans la tradition française du rire politique. Son moteur est : comment la France a-t elle pu faire autant de différences entre ses enfants ? Le spectacle a évolué depuis 2012, il a au moins deux vies : avant et après les évènements tragiques que sont les attentats de Paris ».
Mais Yassine Belattar a plus d'une flèche à son arc. L'humoriste, chroniqueur et animateur de radio et TV fonde en 2006 avec Thomas Barbazan la société de production Ewah, qui valorise un humour engagé à la Pierre Desproges. « J'ai deux casquettes, artiste et investisseur ».

 

Un artiste engagé pour revaloriser les banlieues

L'artiste est engagé pour valoriser l'image des banlieues mais il ne se considère pas comme « la voie des banlieues ou « une voie des banlieues ». « En fait, je suis un père de famille, artiste et entrepreneur qui émane des ces quartiers. J'y suis attaché parce qu'une partie de mon public, qui m'a construit, vient de là-bas, et je suis toujours engagé sur ces questions. Plus on en parle, mieux ce sera. Les médias ont beaucoup collaboré à construire une image négative. Mais aujourd'hui avec les réseaux sociaux, la banlieue s'autorise à reconstruire sa propre réputation ».


Une attache particulière à Sevran

Une partie de la famille de Yassine Belattar y habite ou y a vécu, il y a des amis. D'ailleurs, il a réagi par humour au reportage « Dossier tabou » de Bernard de La Villardière du 28 septembre 2016 : « J'ai vu le documentaire et je me suis dit qu'il fallait répondre ». Sollicité par les habitants, il a réalisé une vidéo (« Vive la France, vive Sevran ! ») où des Sevranais font du playback sur des chansons françaises (lien). Une vidéo qui a fait le buzz (plusieurs médias comme « Les Inrocks » ou « L'Express » en ont fait le relais) :
« Un copain a lancé l'idée de faire une pétition signée par les Sevranais. J'ai pensé qu'il fallait trouver autre chose. Quand je suis arrivé à Sevran, tout s'est fait naturellement. Quand on vient montrer le meilleur des habitants, il suffit d'être courtois, sympathique. Avant d'être Sevranais, ce sont des Français attachés à leur ville. Les immeubles ne sont pas représentatifs des gens : ceux qui habitent ces barres sont magnifiques. » 
Yassine Belattar est prêt à utiliser sa notoriété pour montrer un nouveau visage des banlieues : après le succès de la vidéo, vingt villes l'ont contacté. « N'importe quelle ville de banlieue peut travailler son image à partir de ce que je fais. »
Mais jouer à Sevran a une résonance particulière pour lui :
« J'ai beaucoup de dates, je suis fier d'aller dans toutes les villes, mais l'émotion est encore plus forte à Sevran. Les gens de banlieue sont ma famille à vie, et plus particulièrement à Sevran parce qu'il y a une partie de ma
« vraie » famille. »
C'est aussi ici qu'il va démarrer sa nouvelle entreprise : « Ce qui m'intéresse davantage maintenant, ce sont les projets physiques dans les quartiers. À Paris, j'investis dans des lieux culturels (Yassine Belattar est notamment propriétaire du Théâtre de Dix Heures, ndlr), et en banlieue j'investis dans l'immobilier. Je suis très fier de commencer par Sevran. Je ne peux pas en dire plus. » 


 

Publié le 12 mars 2018